Mon sejour au Bresil, autant que mon retour en France l'ete dernier apres
de longues annees aux USA, me met face a des questions de Liberte en continu
depuis les tristes evenements du mercredi 7 janvier.
En ces apres midi d'ete, la plage de Barra da Tijuca (ville nouvelle de
10kms de long, au sud et ouest de la zone sud dont Ipanema fait partie) est
couverte de milliers de gens. Des centaines de surfers de tous les ages dansent
avec les vagues au milieu des baigneurs: un monsieur bidonnant d'une bonne
soixantaine met la pilee a plus d'un jeune, tandis qu'un ado s'aventure a faire
un looping. Plus proche de la plage, malgre les drapeaux rouges la ou le reflux
tire avec violence, plusieurs gamins apprennent a se debrouiller avec une planche.
Quelques papas aident les tout jeunes (un garcon de 3 ans et une fillette de 5
ans!) a passer la barriere des rouleaux, mais les gamins y parviendraient tout aussi bien seuls.
A 20h30, dans la nuit noire, un groupe chante autour d'une guitarre, d'autres
font du jogging ou des match de foot-volley (volleyball sans utiliser les bras
ou les mains) sous l'illumination de gros projecteurs, des couples se
blotissent l'un contre l'autre dans la rumeur constante des vagues, que quelques
ferrus s'entetent a poursuivre sans meme pouvoir les voir. Des dizaines se
mettent a l'eau et en ressortent, ou y restent a discuter le coup. A 1h du
matin, il n'y a pas grand changement, un peu moins de monde peut etre, mais
c'est l'ete a Rio, il fait chaud, et bandits ou pas, il faut profiter de la
magie que Dieu a donne a cette ville. Le long des avenues en bord de mer, qu'il
sagisse de Barra da Tijuca, d'Ipanema, ou de Copacabana, nombre des petits
quiosques restent ouvert tard dans la nuit, et il y a toujours quelques
personnes atablees, projetant sur le trottoir ce qui se deroule dans nos salles
de cafe-tabacs en France. Le Pastis est remplace par la bierre ou la noix de
coco avec une paille, et plutot que le Tarot ou les dominos, ce sont les
discussions ou une samba improvisee qui se font entendre. A Rio, chacun fait ce
qu'il veut, et dans l'ensemble, ca marche pas mal.
La liberte dont jouissent les cariocas sur leurs plages est un beau
contraste avec le semblant de liberte auquel aspirent tant les americains. Aux
USA, pas question de rester sur la plage apres le coucher du soleil; dans plus
d'une ville, la Police donne des contraventions. Impensable aussi d'avoir un
tant soit peu d'alcool en sa possession dans un lieu public, que ce soit un
parc, une plage, ou un banc; c'est formellement interdit. Il serait aussi hors
de question de se baigner lorsque les drapeaux sont rouges, ou de jouer au
ballon, au frisbee, ou de faire du surf hors des petites zones reservees a cet
effet. On preserve la liberte a coup d'interdictions qui en arrivent a reduire
notre plaisir a vivre. On interdit l'acces a de nombreuses falaises que
certains aimeraient gravir, le vol libre, et la chasse en apnee avec un fusil a
elastique (alors que les USA sont le seul pays au monde a permettre la chasse
sous-marine avec des bouteilles d'oxygene!) le tout a coups d'avocats qui
brandissent la menace de la "responsabilite civile" en cas
d'accident.
La France et l'Europe semblent forger un modele ideal dans les sports-nature,
en exigeant des formations de guide/moniteur tres pointues sans pour autant
restreindre l'acces a TOUS - chacun a ses propres risques (parfois aux frais de
la societe lorsqu'il faut les secourir).
Malheureusement, la couverture du retour de Charlie Hebdo semble montrer un
abus de liberte pas moindre que celui des gamins des favelas de Rio que se
presentent comme "guide" et entrainent des groupes dans des
conditions dont je doute qu'ils sauraient se tirer en cas de mesaventure. Si le
libre cours de la presse me semble une liberte fondamentale - meme s'il est incomprehensible
que quelques individus en aient souffert
les consequences bien au-dela d'une punition - la liberte de l'un s'arretant la
ou commence celle de l'autre, comment a-t-on pu avoir l'insouciance ou
l'insolence d'imprimer une couverture aussi denuee d'humour (a mon avis)
qu'inutilement provocatrice? Dans notre monde ultra-connecte, la liberte de chacun
devient de plus en plus indiscernable de celle de notre voisin, et il faut faire
de plus en plus attention a ne pas plonger dans les extremes.
Depuis samedi, une autre perspective sur le theme de liberte fait la une au
Bresil, celle de Marco Archer, l'homme de 36 ans qui vient d'etre fusille par
l'Etat en Indonesie pour s'etre fait prendre avec 13 kilos de cocaine caches
dans les tubes de son delta plane en 2003. Si certains bresiliens se rangent
derriere leur Presidente Dilma Roussef qui se dit "outragee" de cette
acte de l'Etat Indonesien, les gens plus pauvres avec qui j'en ai discute admirent
a l'unanimite que l'Indonesie aie respecte sa loi. Car si les bresiliens apprecient
tous la liberte qui leur permet de jouir de la plage toute la nuit, ils sont
tout aussi unanimes a condamner l'insouciance des guides auxquels je fais
allusion plus haut, autant que le manque de l'Etat a les professionaliser, et
plus encore ils deplorent un systeme socio-politique completement corrompu dont
une elite continue a tirer profit sans relache et avec une immunité qui semble
intouchable.
L'Associacao de Voo Livre de Rio de Janeiro (association de vol libre)
peine depuis vingt ans a mettre en place un minimum de qualification pour ses
pilotes, dont la plupart gagnent leur vie en faisant des vols biplaces. Malgre
cela, les accidents sont frequents, du en partie a la difficulte technique du
decollage, ainsi qu'ax nombreux pilotes qui dejouent les regles. Le contraste
est d'autant plus remarquable que le site de decollage est situe dans la zone
ecologique de la Floresta da Tijuca qui est elle, au sens ecologique, tres bien
regie.
Que de contrastes dans ces trois pays, dont j'ai la chance de jouir en me
sentant pareillement "chez moi." Puisque les riches et les puissants
ce de monde restent bien au-dela de notre capacite d'action, il nous incombe
d'autant plus a chacun d'avoir un sens aigu de notre responsabilite ecologique,
autant que de civilite envers notre voisin. Serait-il temps de raviver des
cours d'Education Civique?
De Rio, ou un incendie la nuit derniere a devaste le flanc de montagne que
nous avions ascendu samedi, je vous
envoie la liberte du soleil et des vagues.
Many years in the USA, recent trips to France and now to Brazil, and the Charlie Hebdo events and the execution of Marco Archer in
Indonesia leave me pondering questions of Freedom.
All summer long, the 6-mile beach
of Barra da Tijuca, the newest suburb of Rio, is covered with tens of thousands
of sunbathers, ball players, surfers, and people of all ages. Peddlers with an
informally-established "area" rent out umbrellas and folding chairs,
while others walk around selling grilled cheese skewers (carrying a coal stove
on a shoulder sling), drinks of all kinds, and even bikinis.Entrepreneurship
runs high in Brazil!
Two bikini-peddlers take a break from walking the hot sand |
If certain rules exist, such as a
section of beach presumably allocated to kite-boarders, in practice the
cariocas live mostly in self-regulation. The water in the kite-boarding area
is dense with bathers of all creeds, shapes, and ability, and there are surfers
wherever the waves curl. Everyone cohabitates peacefully without the presence
of any police, although there are a few lifeguards because the rip
tides are treacherous. I watch one gentleman, well in his sixties, surf down
waves with an elegance unmatched by the younger crowd; next to him, a young man
attempts a loop, and a dreamworthy lady tries herself on a stand-up paddleboard
down the wave. Closer to shore, right in the riptide zone (marked by big red
flags), a couple of dads are teaching surfing to their 3 year old son and five
year old daughter; the kids fall and tumble in rollers twice their height, but
they wash up on shore covered in sand and head right back out.
This young surfer is only 5 years old |
The beach fun
lasts day-in and day-out, with plenty of swimmers, joggers, or foot-volley
players going on through the night in the light of giant projectors that illuminate
certain sections. In the darker areas, lovers cuddle to the sound of the waves,
groups play the guitar and sing, all with large coolers filled with beer and
cachaca (Brazilian rhum), but without an instance of rowdiness or
aggressivity. By and large, life in Brazil is self-regulated, and overall it
works pretty well.
Such freedom is a contrast
to what we consider freedom in the US. In most coastal areas, it is even
prohibited to play frisbee or fly a kite, much less launch a kiteboard outside
of the specifically defined area. Our prohibition of alcohol generates binge
drinking and aggressive behavior that I have yet to see in any other nation. Our complete reliance on "laws" has brought law enforcement to a
point of exaggeration such that we are now prisoners. Brandishing the Almighty
Threat of Liability, lawyers convince private landowners and States to restrict
cliffs and mountains from climbing or paragliding, and even free-diving
spearfishing with an elastic band is prohibited in many areas (in contrast, we
are the single nation to allow spearfishing with oxygen tanks).
In the area of Nature-sports,
France and Europe seem to have found a good middle ground. For instance, there
are stringent State-sanctioned licenses for Nature-sports guides and
instructors, but the mountains and the ocean are open for all to enjoy whatever
activities they please at their own risk (and occasionally at great cost to
society when costly rescues must be performed). However, in our ultra-connected
world, Freedom is posing increasingly grey areas to its definition as
"one's freedom ends with the restriction of another's". Indeed, while
I wholeheartedly applauded the initial outpouring of support for the Freedom of
Expression in the tragic aftermath of January 7th, so I deplored the subsequent cover of the new Charlie Hebdo in which I
found no humor and even an unnecessary challenge to those who had
supported the initial crime. Indeed, events in Algeria and elsewhere are just the tip of the iceberg, and I would join any public demonstration that would now condemn that cover.
In the past three days, Brazil
has been facing its own question about Freedom as the State of Indonesia
carried out the death sentence for Brazilian Marco Acher despite pleas from
President Dilma Roussef, Amnesty International, and others. Archer had been
caught smuggling 30 pounds of cocaine in the struts of his hanglider in 2003.
While some Brazilians supported the "outrageous violation of human
rights" expressed by President Roussef, the overwhelming majority of people with whom I spoke expressed unanimous support for the
action, which they see as a State carrying out its laws in complete opposite of
their own nation. Indeed, while every Brazilian enjoys the Freedom of self-regulation, most also
deplore a system that they feel is completely corrupt, allowing police excesses
more violent than those in the US, an urban crime rate allegedly nearing that of Mexico, and protecting an elite with near total immunity.
A fitting illustration of the
contrast is the main flying site of Pedra Bonita in the city of Rio de Janeiro.
A nascent pilot-organization that had taken root when I was last
active in the mid-90's has now put together a bit more of an infrastructure,
including specific requirements for tandem pilots.
However, these rules are commonly bent and distorted by members of the
association, and the accident rate is very high (though this is partly due to a
very technical launch site). Meanwhile, the land on which the launch ramp is
situated is now part of the Floresta da Tijuca ecological reserve and as such,
the park aspect is well regulated. Still, while the number of vehicles allowed up the steep access road is extremely limited to walkers for ecological reasons, there is a constant traffic jam of pilots taking up passengers for tandem flights.
I am blessed to have three
homelands and to travel between them to enjoy whichever is the
Freedom that I most cherish when I feel the need; in fact, this Freedom is
probably the best Healing against my cancer. But through this multicultural
landscape, I am evermore concerned with ecological and socio-economic
sustainability.
Last night the very
mountain that we had hiked Saturday was in flames, as record temperatures and
drought are hitting Rio and Sao Paulo exceptionally hard this year. On the social front, if tackling the
extreme wealth disparity (read Oxfam's latest letter prior to yesterday's
opening of the World Economic Festival ;-) in Davos) seems impossible, a mandatory school course in Civicity, the
art of being sensible to our surroundings, human and natural, may help future generations do better.
From Rio, I send you the seeming
freedom of sunshine and waves!
N
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I'm unsure of how this form works, but thanks for reading and commenting!